• Tant qu'il y aura des roses...

    Tant qu'il y aura des roses...

    on se délectera ( presque ) en se piquant les doigts. 

    on adorera passer son temps à nettoyer ces demoiselles capricieuses pour qu'elles daignent nous faire l'offrande de quelques compensations colorées qui s'étiolent aux premières gouttes un peu tenaces. 

    on fermera les yeux avec compréhension sur des feuillages moches voire inexistants quand s'en vient l'été. Une ronce.

    on acceptera ces tenues tantôt avachies, tantôt plus raides qu'un cierge.

    on engraissera ces grosses ( ou pas ) fainéantes pas foutues d'aller se chercher à manger et à boire avec leurs racines qui, pourtant, savent mieux que quiconque faire leur chemin au travers du sous-sol. Ceux qui ont déplacé de gros rosiers savent de quoi je parle.  

    on trouvera toutes les excuses du monde à ce végétal démoniaque, dépourvu de la moindre empathie pour ceux qui ont la témérité de lui faire allégeance.

    Bref, la rose c'est l'enfer du jardinier ( le mien en tout cas ).

    Mais... parce qu'il y a malheureusement un "Mais". Mais, disais-je, tous les printemps elle revient parce qu'on n'a pas eu le cœur de s'en séparer et la même rengaine masochiste se répète.

    Just because it's a thin line between love and hate... ( The Pretenders )

    Alors là, maintenant, de suite, c'est le moment de grâce pendant lequel la rose règne sans partage sur le jardin. Maîtresse hautaine d'un jardinier aux yeux de Chimène pour ce qu'il croit être la preuve d'un intérêt quelconque de la belle pour sa triste personne. Pauvre rêveur !

     

    Tant qu'il y aura des roses...

    Lorsque nous avons acheté le jardin ( et accessoirement la maison qui va avec - c'était un lot, nous n'avons pas discuté ), des rosiers peuplaient déjà celui-ci. Pas vraiment nos couleurs favorites mais il se trouve que tous ne sont pas passés sous les                      fourches caudines d'une censure implacable.                      Bref, le orange un peu moche est toujours là. Dont acte.  

     

     Tant qu'il y aura des roses...  Tant qu'il y aura des roses...  Tant qu'il y aura des roses...

     

        Mrs Oakley Fischer           Jacqueline du Pré              Harlow Carr

    J'suis tombé en amour avec ces rosiers-là comme dirait Céline D. pis ça s'discute pas parce que j'sais pas vraiment pourquoi ceux-là. Ok Céline, on va dire comme ça.

     

     Tant qu'il y aura des roses... Tant qu'il y aura des roses...

    Tant qu'il y aura des roses...

    Comme toutes les stars, le rosier sait prendre la lumière, quitte à écraser la concurrence. Exclusif, je vous dis. 

     

    Tant qu'il y aura des roses...

    Quand le vil végétal ( pas facile à dire "vil végétal", on en a plein la bouche. ) sent la moutarde monter au nez de son jardinier esclave, il daigne lui accorder un peu de son temps précieux ( du moins le prétend-il ) pour habiller une scène, le temps pour lui de calmer le pauvre hère qui n'en peut mais. 

     

    Tant qu'il y aura des roses...  Tant qu'il y aura des roses...

    Tant qu'il y aura des roses...

     

    On moutonne, on cascade. On parade pour éblouir la galerie et se dédouaner à peu de frais de toutes les turpitudes passées ou à venir. Judas ?

    "Oh, she looks so good, oh, she looks so fine
    And I got this crazy feeling that I'm gonna ah-ah make her mine." 

    G-L-O-R-I-A !  P. Smith

     

    Tant qu'il y aura des roses... Tant qu'il y aura des roses...

     Jeu de dupes. On conclue des alliances de façade pour mieux tromper son monde.  

     

    Tant qu'il y aura des roses...

    On agrémente l'herbe en lui offrant une majesté de circonstance.

     

    Tant qu'il y aura des roses...  Tant qu'il y aura des roses...

    On grimpe aux arbres ( pas de rideaux au jardin ... ) et on fait le mur ( un peu monolithique comme réalisation. La nuance et la légèreté, plus tard. ).

     

    Tant qu'il y aura des roses...

    On s'insinue même à l'intérieur du logis pour y asseoir plus encore une hégémonie sans partage.

     

    En finir avec les roses ?

    Ce serait oublier un peu vite le plaisir qu'elles nous offrent au printemps.

    Si Paris vaut bien une messe comme ne l'a sûrement pas dit le bon roi Henri, la rose vaut bien quelques désagréments, caprices au demeurant bien peu gênants de la diva des jardins.

    Mais attention !

                       EIH BENNEK, EIH BLAVEK !          in "Le sceptre d'Ottokar"

     

     

      

     

     


  • Commentaires

    1
    Renée Boy Faget
    Dimanche 21 Mai 2017 à 22:30

    Comme je te rejoins là !!! de plus on en rajoute chaque année ;  ha...ha.... j'aime ta façon de raconter. Comme tous les jardiniers ...en fait  , 'tu es subjugué par ces belles' .

      • Mardi 23 Mai 2017 à 10:33

        Subjugué oui mais parfois aussi agacé par tant de sautes d'humeur. Heureusement que les autres plantes du jardin sont plus conciliantes, exception faite peut-être des bouleaux plutôt fragiles ici et sujets à des attaques diverses et variées. Belle journée

    2
    Lundi 22 Mai 2017 à 17:04
    ...il y aura des jardiniers !
      • Mardi 23 Mai 2017 à 10:34

        Sûrement oui parce qu'elles le valent bien pour paraphraser la pub. Belle journée

    3
    Lundi 22 Mai 2017 à 21:27

    Elle sait si bien nous séduire, nous sommes sous son charme, sous sa coupe et cédons à tous ses caprices !

    Et j'aurai beau pester contre leur feuillage moche dans quelques semaines, j'ai hâte que mes roses en soient au stade des tiennes (en plus modeste bien sûr).

    Aude.

      • Mardi 23 Mai 2017 à 10:39

        Les roses sont des gourmandes invétérées mais il est vrai que bien nourries, elles peuvent connaître des périodes d'opulence propres à faire bomber le torse à n'importe quel jardinier, aussi béotien soit-il dans ce domaine de culture ( C'est mon cas ! ). Ici, nous cherchons des alternatives pour l'été afin de parer au déshabillage peu réjouissant de la saison chaude. Belle journée

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    4
    béatrice
    Jeudi 25 Mai 2017 à 08:53

    Les rosiers ne m'ont jamais posé de problèmes, il faut dire que dans mon petit jardin, je les domestique bien, elles ne courent pas dans  les arbres et ne partent pas à l'assaut des murs et puis leur feuillage oui, et bien je leur pardonne tout ou presque ;)

    Je crois que tu t'es laissé envoûter par ces belles....

    Bises et belle journée

      • Jeudi 25 Mai 2017 à 17:52

        Ici aussi nous leur pardonnons beaucoup mais leurs feuillages versatiles sont assez déconcertants. On ne peut pas trop compter sur elles l"été venu et ça nous oblige à doubler l'habillage de certains endroits. Pas vraiment  évident mais, pour l'instant, on apprécie même si les grosses chaleurs se sont invitées plus tôt que prévu. belle fin de journée.

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