• Ryoan-Ji 

    Je suis tombé dans ce jardin japonais à peu près au même moment où j'ai commencé à m'intéresser au jardinage de façon un peu plus approfondie. C'est dire qu'avant d'aller au Japon, j'étais à peu près autant au fait de ce qu'était un jardin japonais qu'un lémurien moyen en goguette dans un parc d'attractions peut l'être de Mickey Mouse.

    Quand Marielle a parlé d'aller regarder des cailloux (quelques) posés sur un lit de graviers et que cela faisait partie des incontournables visites de jardins de temple à Kyoto , j'étais, je l'avoue, un peu (très en fait) sceptique sur sa capacité de jugement et sur celle des guides touristiques. Ou alors c'était le soleil parce qu'en marchant dans Kyoto, on avait l'impression que quelqu'un avait oublié d'éteindre le four dans lequel nous marchions. Pragmatiques, les Japonais ont disposé des distributeurs de boissons en tout genre à chaque coin de rue et tout le monde se balade avec sa petite serviette de poche qui est à tordre au bout d'un quart d'heure. Pour être sumo à Kyoto, faut habiter un réfrigérateur. Mais pardon, je m'égare. Revenons aux cailloux, rochers plus exactement.  

    Nous entrons dans un temple dans lequel, comme à l'accoutumée, nous nous déchaussons. Pas grave, c'est l'été. Comme dans tout espace de méditation, la discrétion est de rigueur et c'est plutôt agréable de n'entendre que le bruit du plancher qui craque (C'est fait exprès ! Le moine qui voulait faire le mur le samedi soir avait intérêt à être léger.) sous nos pas et de sentir ce contact du bois sur nos pieds nus et un peu échauffés. Non, non, pas d'échardes en vue.

    Ryoan-Ji

                                                                                                                                              

    Et là, nous arrivons devant ce jardin puisqu'il faut l'appeler comme ça et je suis extrêmement déconcerté. C'est bien ça, des rochers et, en plus, y'en a pas vraiment beaucoup. Bon, eh bien, nous nous asseyons et là, peu à peu, la beauté du lieu m'enveloppe tout entier. Devant ce dépouillement extrême, j'entrevois un minuscule fragment de ce qui nourrit l'âme japonaise pour en arriver à un tel résultat. Rien de spectaculaire, rien de construit en apparence et pourtant, tout est à sa place, l'harmonie règne. Je ne m'ennuie même pas. Pas trop de choses à regarder pourtant. Quelques photos et puis nous profitons du temps qui s'écoule, paisiblement. Le luxe de savourer du regard l'épure minérale et végétale poussée à son stade ultime. L'abstraction au jardin.

     

    Ryoan-Ji

    Le temps qui passe, les saisons qui défilent, les intempéries, l'austère beauté de la décrépitude, tout est inscrit sur ce mur que nul peintre ne saurait reproduire sans en trahir l'authenticité. Un peu, toutes proportions gardées, comme ces volets fanés qui s'accrochent aux maisons anciennes de nos contrées. 

     

            Ryoan-Ji          Ryoan-Ji

     

    Ici, tout est contrôlé, même la mousse, nettoyée à la pince à épiler si besoin est. La nature donne la direction, elle établit et conçoit mais c'est l'homme qui met en scène en créant, à partir de cette page pas vraiment vierge, un jardin puisque c'est de cela qu'il s'agit et pas autre chose. La racine de l'arbre a fait exploser la bordure mais elle est devenue l'élément majeur d'un micro-paysage.

    Ryoan-Ji

    Ce type de jardin n'est pas immense mais n'a pas besoin de l'être. On s'arrête souvent pour profiter d'un détail qui, ajouté à d'autres reconstitue une histoire, une image, une idée. Ce que l'on veut en fait. Les Japonais l'appréhendent sûrement bien différemment mais en tant qu'européen, on se raccroche aux branches alors que l'on est en plein potage. Délicieux quand même, le potage.

    Alors, bien sûr, ne prenez pas pour argent comptant tous les explications plus ou moins fumeuses exprimées plus haut. Ce ne sont que des ressentis sur lesquels j'ai essayé de mettre mes mots. Qu'on se le dise !  


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  • Faire-part de naissance

    C'était le travail de ce weekend. La création et l'agrandissement de deux massifs. Passer d'une prairie en herbe à des massifs de terre travaillée a été, comme à l'habitude, un peu fastidieux. Heureusement, le résultat nous apporte la satisfaction attendue. Nous avons réalisé celui qui est maintenant rempli de graminées sous la pluie fine qui est revenue nous tenir compagnie aujourd'hui après un répit d'une journée. Hier, j'ai pu profiter du soleil et d'une terre moins collante pour réaliser l'autre. C'est celui dans lequel je dois encore réfléchir à l'agencement des plantations mais ça ne presse pas parce que sa forme va encore évoluer un peu.

    Faire-part  

    Graminées, rosiers, gauras. Le reste viendra plus tard quand il pleuvra un peu moins. Les rosiers et le feijoa étaient déjà là et nous composons avec.                                

    Faire-part 

    Pour celui-là, je ne suis fixé que sur les tonalités. Le reste viendra avec l'inspiration du moment. Je suis incapable pour l'instant de prendre un crayon et de dessiner sur le papier un truc que je vais ensuite respecter. J'ai des plantes en réserve et le jour venu, je les mettrai en place en tournant autour du massif pour voir l'effet produit. Si je ne trouve pas, j'ai bien conscience que je peux tourner un moment. C'est le risque. Je devrais peut-être commencer un entraînement de coureur de fond. 

    Faire-part          Faire-part

    Avant                                                                                                       Après 

    Le feijoa a été taillé en transparence pour alléger un peu sa silhouette en bordure de massif. En plus, il semble avoir une jolie écorce.  Il ne restera plus qu'à enlever la bordure en bois vermoulue et à planter quelques couvre-sols adaptés. Si vous avez des suggestions, elles sont les bienvenues. Cette partie est assez sèche l'été, argileuse mais avec des cailloux et, malgré l'ombre du feijoa, assez exposée aux rayons du soleil. 

                   Faire-part

     

    La spécialiste maison de la taille en transparence est rentrée trempée après ce joli travail mais satisfaite, à juste titre, de sa réalisation. 

    Aujourd'hui, pas de fleurs. Je les ai lamentablement ratées. La semaine prochaine sans doute parce que ça bouge un peu partout sous la mousse.  

    Bonne semaine à toutes et à tous partout où vous irez. 

     


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  • Abécédaire de février

    Ayant trouvé l'idée de Lydie (Cagouille's garden) et sa reprise par Sylvaine (Le Vieux Clos II) très ludiques, je vous propose le mien qui, pour changer un peu, n'utilisera (presque) que des photos de ce mois-ci. J'ai glissé quelques jockers que vous retrouverez sans peine. 

     Arum italicum  Abécédaire de février   Bourgeons  Abécédaire de février

     

        Camélia  Abécédaire de février         Doigt   Abécédaire de février

     Euphorbe  Abécédaire de février    Fragrantissima  Abécédaire de février

     

     Gunnera  Abécédaire de février     Hedera Helix   Abécédaire de février

      Inclusion    Abécédaire de février             Jonquille  Abécédaire de février

     

       Kiwi  Abécédaire de février              Lamium  Abécédaire de février

     

    Magnolia   Abécédaire de février            Nandina  Abécédaire de février           Opus incertum (Jardin Borja)Abécédaire de février               Papillon  Abécédaire de février

     

    Qu'est-ce qu'il fait ?  Abécédaire de février   Rose  Abécédaire de février

     

    Scolopendre  Abécédaire de février           Tiarella  Abécédaire de février

     

    Utile le liège  Abécédaire de février   Vol (de grues)  Abécédaire de février

     

     Waterloo  Abécédaire de février  Xylophages  Abécédaire de février

    Y'a bon...  Abécédaire de février         Zen aussi Abécédaire de février 

     

    Je tiens à remercier ici tous celles et ceux qui m'ont permis de me sortir de ce guêpier. A savoir, les bourgeons qui arrivent au bon moment, mon doigt qui relève les têtes d'hellébores, la glace qui a permis cette inclusion, Monsieur Borja qui a un très joli jardin, ce papillon qui a devancé l'appel et se réchauffe comme il peut dans un coin à l'abri, mon chat sans qui la lettre Q eut été un véritable calvaire, le liège qui me sert à protéger les pieds de clématite, les grues (Si vous bougez la molette de façon idoine, vous aurez l'illusion de les voir voler. C'est pas beau ça !) qui s'entraînent tout l'hiver, la commune de Waterloo qui me permet de mettre en scène la déchéance de cette pauvre fleur de camélia, ces foutus insectes qui ont boulotté un platane, la société Banania qui me sort une belle épine du pied ( Là, j'étais sec. Y'a failli rien y avoir) et les moines d'un temple très accueillant du Koya San. 


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  • GRANDE marée

    118, 115 des gros coefficients qui ont rempli les avant-ports jusqu'à la gueule mais ici, peu ou pas de débordement. La météo a été assez clémente et le déferlement attendu n'a pas eu lieu. Ceux qui font commerce de catastrophisme en auront été pour leurs frais. 

    Grande marée

    Alors oui, la dune a encore souffert et il faudra ramener une partie du sable qui s'est enfui avec la marée. L'été, de là où se trouve le chien, on descend en pente douce vers la plage puis, après une marche, on est à pied d’œuvre pour aller batifoler dans l'océan. L'épi du premier plan est habituellement presque entièrement recouvert. Il y a comme un manque. La région a parlé d'un plan de sauvegarde de la dune. Ce serait vraiment une bonne chose. 

    Grande marée

    Des grains au loin mais celui qui s'annonce nous passera à côté. Les tags c'est pour rappeler qu'ici, on surfe. Culture du coin qui en vaut bien une autre. Actuellement, la grande lessiveuse décourage même les plus téméraires. Gros rouleaux mais ça part dans toutes les directions et remonter jusqu'à la vague serait un effort trop conséquent pour qu'il en vaille la peine. Ceux qui s'y essaient se font tracter quand les conditions sont réunies. 

              Grande marée       Grande marée

    Eux, finalement, sont bien plus résistants que nous puisqu'ils ne semblent pas plus que ça incommodés par les conditions météorologiques. En plus, à cette époque de l'année, pas besoin de partager la zone de garde-manger avec les bipèdes de tout poil qui viennent faire trempette avec leur drôle de costume coloré. 

    Grande marée

    L'hiver, la plage est un espace trop grand dans lequel on se noie jusqu'à ne plus être qu'un détail insignifiant dans le paysage. Notre vraie place finalement.  

     

    Bon. Pour être honnête, l'an dernier les grandes marées, c'était ça. 

              Grande marée     Grande marée

     


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  • Plantations

    Un temps plus doux semble s'installer. Pas de pluie cet après-midi, raison suffisante pour sortir tout ce qu'il faut et profiter de l'accalmie pour installer quelques plantes. Deux hellébores, un lonicera nitida variegata, un cryptomeria japonica globosa nana, un taxus baccata et trois persicaria Red Dragon. Du coup, ça dégage un peu de place dans le coin des pots en attente.

              

    Taxus baccata                                                                                                                                                                                             Cadeau de Monsieur Piteau des Jardins de LY. Grand merci à lui. Un arbuste picard qui vient prendre ses quartiers dans les Landes. Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage. Il n'a pas l'air trop dépaysé ayant troqué la pluie contre la pluie.

     

     

    •  Un apprenti plein de bonne volonté.
    • Il taille les hydrangea à sa façon et il retourne la terre ou bien il joue avec, généralement là où l'on vient de planter. S'il nous attrape les souris, on lui pardonnera ses méthodes toutes personnelles pour aider au jardin. 

          

    Le premier papillon de la saison. Il a posé un bon moment, sans doute plus soucieux de se réchauffer au premier soleil que de me laisser admirer sa garde-robe. Les couleurs du jardin ces jours-ci. Une petite plante qui s'accroche à une pierre comme la bernique à son rocher et puis l'eau de la rivière toujours un peu troublée par les grains venus de la mer et qui nous arrosent par vagues plus ou moins rapprochées. 

      

    Les premières primevères sortent du tapis de feuilles de platane. Les sauvages en tête. Pour les couleurs autres que ce blanc cassé, il faudra attendre encore un peu. L'une chassant l'autre, les perce-neige achèvent leur floraison et les dernières clochettes nous offrent leur fragile silhouette dans un dernier tour de piste d'une grâce sans fausse note. 

       

    Les hellébores ne se rendent pas compte du privilège qu'elles ont à fleurir à pareille époque de l'année parce que si l'on ne peut qu'admirer l’infinité de formes et de nuances qu'elle proposent à nos yeux, il faut bien reconnaître que la concurrence se borne à quelques rares intrépides qui ont bien du mal à rivaliser. Ah si ! Il y a les camélias qui ont fait le gros dos pendant les gelées et qui rattrapent le temps perdu en allumant leurs buissons dans tous les coins. Et puis ces hellébores, ça ne relève pas la tête bien souvent et on passe son temps à élaborer des stratagèmes pour en voir le dessous des jupes. En pot, ça va mais en pleine terre, ramper dans le gazon étant exclu, il reste les étayages plus ou moins discrets pour admirer la frimousse de ces dames. On leur pardonne quand même facilement cette coquetterie parce que, grâce à elles, un tour de jardin ne peut jamais laisser indifférent.

    Le bâton, c'est plus discret que le doigt mais pas tout à fait satisfaisant quand même. 

      

    C'est la première floraison de cette plante qui nous fut donnée par Monsieur et Madame Desblats du Jardin des plantes-Le Mourot, il y a quelques années, lors d'un Rendez-vous aux jardins. Situé dans la vallée du Viaur, leur jardin est un endroit charmant dont on a plaisir à découvrir les nombreux recoins, toujours joliment arrangés. Et puis, ce sont des gens très agréables et ça, ça compte aussi.   

    Bonne semaine à toutes et à tous, au jardin ou ailleurs.

     


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  • Escapade sucrée

    A Paris, nous trouvons toujours de quoi nous faire plaisir. Cette fois-ci, ce sera la pâtisserie.

          

    Encore plus léger qu'un biscuit de Savoie ( sauf la crème ). Fruits rouges ou thé matcha. Les deux sont délicieux.

             

    Le premier était excellent, tout comme le cake ( rose et litchis ). Le second, très bon aussi mais un ton au-dessous. Cette profiterole était simplement à tomber. Vivement la prochaine fois !

     L'hiver, à Paris, ce type de jardin tire bien son épingle du jeu quand les autres végétaux, surtout en ville, n'ont bien souvent que leur tronc gris et leur ramure dans les mêmes tons à faire valoir sur les murs gris et le ciel, gris lui aussi. Pas de quoi créer un choc de couleur. Ce jardin était superbement entretenu et ses arbres taillés avec grâce et mesure. Malheureusement, ce n'est pas tout à fait le cas partout et des élagueurs Terminator œuvrent souvent sans grand discernement.  

     Pour la couleur, les vitrines aquarium sont bien plus généreuses. Le côté ludique en plus. 

    A la Maison Européenne de la Photographie, images cinématographiques insérées dans une image actuelle d'un lieu. Un jardin public à Paris, peut-être le Luxembourg.

    Marché des Enfants Rouges, rue de Bretagne. Ce nom lui a été donné par les habitants du Marais, en souvenir des jeunes pensionnaires d'un orphelinat sis à cet endroit et qui étaient vêtus d'un habit rouge. On y mange pas mal pour pas cher. Convivial et pas vraiment guindé. Idéal pour un déjeuner sur le pouce. Une expression qui m'amuse beaucoup. Effectivement, il faut avoir le pouce rudement développé pour espérer être rassasié avec la nourriture qui tiendrait sur celui-ci. Et ce, même si on triche un peu en en mettant sur les deux.

         

     


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  • Encore !

    Ben oui mais il nous tendait les bras ( plus exactement les branches ). Un Edgeworthia chrysantha joliment mené en gobelet. Les fleurs dégagent un parfum très présent, pas désagréable pour peu que l'on ne soit pas dans un espace confiné comme la voiture. Il a très vite trouvé sa place, pas trop loin de la maison pour profiter de ses effluves.  

            

    Je ne suis pas fan de jaune mais l'hiver, je supporte bien mieux ce coup de lumière au jardin. 

         

    L'Edgeworthia en place, une fleur de camelia pas défigurée par la pluie et les champignons qui s'en donnent à cœur joie sur des bûches de platane. La pluie a remplacé le gel. Il fait plus doux  et la végétation semble en prendre note. 

     Le ruisseau toujours en mode gros débit. 

    Depuis deux jours, grosse pluie pas trop froide mais bien présente. Les zones humides sont sous l'eau.

    Le ruisseau, aujourd'hui. De l'eau mais ça reste dans les clous. 

                 

    Un peu de lumière sous le ciel gris. Des écorces, Salix integra "Hakuro-Nishiki" et Salix matsudana 'Tortuosa', et trois conifères, Cupressus sempervirens, pinus ? et Chamaecyparis pisifera "Filifera Aurea", je pense. Je n'ai planté que le saule tortueux et , du coup, je ne connais pas trop les conifères.

                 

    Et pour finir, les couleurs du jardin de février. Bonne semaine à toutes et à tous. 


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